"Pathemata Mathemata" ou la relation entre l'apprentissage et la douleur

"Pathemata Mathemata" est un proverbe grec qui est traduit de différentes manières et ramenant à l'idée globale d'une relation étroite entre l'apprentissage, la progression et la douleur. On le traduit par "ce qui a été souffert a été appris", "on apprend dans la douleur" ou encore "souffrir pour renaître". Même si ces traductions ne signifient pas précisément la même chose, elles renvoient toutes à la corrélation entre l'apprentissage et la douleur, à l'idée selon laquelle on n'apprend qu'en passant nécessairement par une phase - à minima - d'inconfort ou sinon de douleur.

Je me suis toujours demandé pourquoi la vie envoie des signaux et des leçons parfois assez violentes. A croire que l'être humain ne saurait évoluer sans passer par une leçon "qui pique un peu" et que toute progression est jalonnée de chutes (et de rechutes!) par lesquelles on nous invite à marquer un temps de réflexion avant de se relever et poursuivre le chemin. Nous avons tous tendance à répéter les schémas tant que nous n'avons pris une bonne leçon, une vraie leçon, celle qui pousse à un inévitable changement. Grosse modo, si la vie te colle une pichenette-ou deux- et que tu ne comprends pas, elle viendra te mettre une bonne claque pour que là tu comprennes que quelque chose doit changer. Nous semblons retenir beaucoup mieux les évènements négatifs que les évènements positifs, tout du moins du négatif nous tirons plus de leçons et nous éprouvons notre faculté à progresser.

Pour ma part, mon premier réflexe est systématiquement de me dire "c'est injuste", "j'en ai assez, tout cela me fatigue" et de m'enfermer dans ma coquille. Et puis vient le moment où je me pose pour réfléchir, réfléchir à la leçon, à moi. Plusieurs lectures m'ont aidée à transformer mes peines et mes blessures en leçons pour progresser: "l'Alchimiste" de Paulo Coelho, un classico-classique bien entendu mais il est un véritable trésor qui résonne différemment en fonction des épreuves que l'on traverse au moment de sa lecture; "Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même" de Lise Bourbeau, celui-ci j'ai mis un moment avant de le lire, j'ai attendu de "le sentir", d'être prête. Il permet vraiment un travail d'introspection profond et efficace, après une introduction qui liste les différentes blessures on se laisse guider vers celle qui nous parle naturellement. Il a été clairement un précieux allié et il m'accompagne toujours.

Toute épreuve quelle qu'en ait été l'intensité et la douleur générée (et j'insiste là dessus car comme tout le monde j'ai eu mon lot d'épreuves vraiment dures, le genre qui te met à terre un long moment) a été une leçon sur moi-même et j'essaie aujourd'hui, grâce à différents outils et lectures, de progresser. Je ne sais pas si je réagis "correctement" à chaque fois, d'ailleurs il y-a-t-il une bonne manière de réagir? En ce qui me concerne j'estime que la meilleure manière de réagir est celle avec laquelle je me sens le plus en paix, celle qui va me permettre de retrouver un sentiment de sérénité, la vraie sérénité, celle de mon corps et de mon âme.

Je suis persuadée que nous venons dans une vie avec tout un lot de bagages, karmiques et familiaux, que nous sommes invités à alléger - si ce n'est complètement les faire disparaître; et ce travail prend une vie entière. Ce n'est pas un vainc effort au contraire, quelle satisfaction de se sentir progresser, de sentir que son corps et son âme a compris et évolué vers un mieux, vers un apaisement durable.

Pour ma part, j'apprends encore chaque jour, je chute encore, je progresse encore mais aujourd'hui je sais où je veux aller, même si la route est longue, qu'elle est loin d'être facile et qu'elle va impliquer des moments difficiles, j'y vais. Les leçons, les épreuves, elles sont toujours en moi, elles m'ont permis de me connaître, moi, mes forces, mes faiblesses et j'y travaille chaque jour. J'ai également la chance formidable d'avoir mes piliers, mes deux petits qui me poussent chaque jour à vouloir être meilleure. J'ai envie de voir la fierté dans leurs yeux et d'alléger au maximum leurs bagages. Ils auront les leur à gérer au cours de leur vie et je pense que c'est déjà suffisant, je n'ai pas envie de les charger des miens. Et ma meilleure amie, mon binôme, celle qui m'accompagne sans faille sur ce chemin à la manière d'une véritable âme soeur, elle qui a connu tant d'épreuves et qui est mon modèle de patience, de courage et de résilience.

Si vous lisez ces quelques lignes et que vous traversez une période difficile, une épreuve qui vous met à mal, nulle prétention de ma part de prôner une méthode ou des conseils qui vont vous permettre d'aller mieux mais simplement prenez soin de vous, vraiment: respirez, lisez ce qui vous attire, essayez de faire le vide pour pouvoir vous écouter, écoutez cette petite voix qui sera purement et simplement votre voix intérieure, et vous saurez ce que vous êtes amenés à faire et comment avancer avec ou malgré cette épreuve. Revenez à vous-même, vous êtes votre meilleur allié pour progresser et avancer. Et si vous avez des outils ou conseils que vous souhaitez partager, n'hésitez pas!

Et je finirai par cette citation de Willard Mariott que je trouve éloquente et que j'aime à me rappeler: "le bon bois ne pousse pas dans la facilité. Plus le vent souffle, plus l'arbre est robuste".